Diane Confurius, la gabonaise qui règne sur les Big Data aux Pays-Bas

confuriusbigdata

Diane Confurius, la gabonaise qui règne sur les Big Data aux Pays-Bas

Née à Franceville, dans le Gabon profond, Diane Confurius née Ngorouma Abieri est une ingénieure de talent qui s’est spécialisée dans les Big Data. “Big Data, Data Science… ce sont des termes très « trendy » en ce moment qui ont pour objectif tout simplement de « valoriser les données » que l’on possède.” explique-t-elle.

Passionnée par la science et les chiffres, Diane s’envole à 16 ans et demi pour Toulouse après des études au Lycée Léon Mba de Libreville jusqu’en classe de 2nde S. C’est en filière D avec option agronomie qu’elle obtient son baccalauréat au lycée de Toulouse-Auzeville. Vous retiendrez qu’elle a ensuite choisi la Guadeloupe pour faire son BTS agronomique avant de repartir en métropole pour suivre une classe préparatoire. “En 1996, j’ai réussi sans grandes difficultés le concours national français d’entrée en Ecole d’ingénieurs en agronomie/vétérinaire et ai intégré VET Agro Sup à Clermont-Ferrand.  J’ai obtenu mon parchemin d’ingénieur en 1999.”

Aventureuse et déterminée, Diane Confurius va tenter sa chance aux Pays-Bas et finit par s’y installer définitivement en 2001. C’est dans son activité professionnelle qu’elle se lie d’amitié pour les Big Data et la Data Science.

Ne vous sentez pas effrayés par ces anglicismes, Diane démystifiera tout ça pour nous.

Parcours d’une femme prodigieuse

Installée à la Haye, Diane Confurius se retrouve confrontée à la barrière de la langue. “J’étais face à un dilemme : la majorité de la population pouvait s’exprimer sans problème dans la rue en anglais mais au niveau professionnel la maîtrise de la langue néerlandaise était exigée.”

Retour sur le banc de l’école à la British School of the Netherlands où elle obtient son CAE (Cambridge Advanced English). En parallèle, elle a pris des cours intensifs en néerlandais dans une école nationale. En 2002, munie de son diplôme officiel de NT2 en langue néerlandaise sa carrière professionnelle débute.

Diane intègre le Bureau des Statistiques Néerlandais. “J’ai pu suivre une spécialisation en statistiques et ai travaillé en qualité de chercheur en statistiques. J’analysais de millions de jeux de données, développais des méthodes et publications en statistiques.”

En fin 2016, en expatriation au Gabon avec son époux elle offre ses services à Total Gabon. Mais, c’est en novembre 2017 que Confurius Big Data est créé.

La vraie connaissance est de connaître l’étendue de son ignorance »

Vous avez dû constater que son nom de famille réfère au nom du grand  philosophe chinois Confucius. Ce n’est pas un hasard puisque son adage : « La vraie connaissance est de connaître l’étendue de son ignorance »  est sa principale source d’inspiration. “Je suis convaincue qu’on a pas fini d’apprendre et que cette start-up est un nouveau chemin pour élargir mes connaissances.”

L’entreprise de Diane Confurius est spécialisée en Data Science. En effet, c’est une Diane persuadée que les entreprises ou institutions étatiques peuvent tirer profit de leurs banques de données, par la mise en place de projets en Data Science qui se lance à la conquête du monde.

Traiter les flux de données collectés, les structurer, en tirer des informations pertinentes afin d’aider à la prise de décision, c’est la mission de Confurius Big Data. Actuellement, elle travaille sur un projet avec le Bureau National des Statistiques Néerlandais (CBS). “Nous analysons leurs bases de données et traitons des banques de données concernant la population néerlandaise : chômage, éducation, immigration, registration, impôts, banque de données sociales telles que naissances,  statut marital… Grâce à des algorithmes, les diverses sources de données sont reliées et analysées.”

La force de Confurius Big Data

De nos jours, les flux de données sont importants et ce peu importe les secteurs. De ce constat, on comprend aisément que la Data Science et les Big Data s’appliquent à tous les domaines qui collectionnent beaucoup de données et qui veulent transformer ces données en valeur ajoutée. “Je cite le secteur bancaire qui collectionne beaucoup d’informations de leurs clients. La détection de fraude grâce à des algorithmes permet de traduire la Big Data très rapidement en valeur ajoutée dans les banques. Une autre application  est  dans le domaine politique pour l ‘analyse du comportement des électeurs. Je cite le scandale de Cambridge. Sans oublier en marketing, pour faire une étude de marché afin de mieux comprendre les comportements de clients.”

La force de l’entreprise de Diane réside ainsi dans la méthode d’approche : explorative et itérative. Elle est basée sur la valorisation du potentiel existant.

 

L’ingénieure explique que leur approche débute toujours par l’exploration du potentiel numérique existant. S’en suit la valorisation de ce que vous avez dans la maison, car trois quarts des données des entreprises sont, toujours selon Diane, sous exploitées.

Une forme innovante de traitement des data

“Je compare la collecte de données actuelle à un dressing qui affiche complet à force de tout entasser et comprimer. Par conséquent, on ne sait plus ce que l’on possède. La réaction rapide est de dire, je n’ai plus rien à porter et je dois m’acheter de nouvelles chaussures par exemple. Alors que si l’on prend le temps de ranger et trier le contenu de notre garde-robe par piles ou couleurs, notre trésor vestimentaire devient clair en un coup d’œil. Dès cet instant, il est facile de voir s’il faut d’abord utiliser ces chaussures qui étaient enfouies dans le placard ou si on a besoin de racheter une nouvelle paire de chaussures car les anciennes sont devenues trop petites.”

Dans le cas de la Data Science, les vêtements = données en possession de l’entreprise. Dressing = lieu de stockage de data (cloud, database…). Tri = l’approche explorative qui est tout d’abord de déterminer quelles données disponibles sont relevantes pour le projet. Et l’évaluation d’un “nouvel achat” est de savoir si ce que possède le client est suffisant pour répondre  à la question posée ou s’il est nécessaire de collecter de nouvelles données.

Un autre avantage de travailler avec Confurius Big Data est aussi une forme innovante de traitement de projet qui consiste à combiner analyse quantitative (Faits) et qualitative  (Emotions).

Les Big Data et l’Afrique, quelles opportunités ?

La Data Science peut faciliter les décisions politiques en terme de qualité et rapidité. La valeur de la Data Science et des Big Data réside dans la capacité de comprendre plus précisément et en temps réel ce qui se passe. En effet, les décideurs politiques ont besoin d’outils fiables qui leur permettent d’orienter et ajuster leurs politiques. Car, les besoins des populations évoluent en permanence.

La Data Science et les Big Data vont de paire avec l’exploitation du numérique. Dans cette optique, l’accès à internet et donc la mise en place des infrastructures telles que la fibre optique est incontournable. De même, la formation dans le domaine de la TIC est un préalable pour l’exploitation de ces données. De plus, cela ouvre des nouvelles opportunités d’emplois dans le numérique.

Dans le cas de l’agriculture de précision par exemple, l’implantation de capteurs dans les champs et des images satellites permettent la modélisation des données agricoles.

La dynamique démographique en Afrique est sans équivoque un nouveau challenge à relever pour pouvoir nourrir une population de 11,2 milliards en 2100 si l’on se réfère aux dernières statistiques des Nations Unies.

Comme disait Fatima Ezzahra MENGOUB, agro-économiste et chercheur au Policy Center For The New South, « les gains en productivité dans l’agriculture génèrent un surplus qui peut participer activement au développement des économies africaines ».

Le potentiel agricole africain offre une opportunité en termes d’intensification de production. Ceci passe par l’agriculture de précision qui permet l’optimalisation de la croissance. En effet, la Data Science et les Big Data offrent une nouvelle manière de mesurer et de cartographier la production agricole et végétale grâce à de nouveaux outils de collecte de données comme l’implantation de capteurs dans les champs. Cette collecte de données est facilitée par différents logiciels tels que Agriscan ou Tableau Laitier Mensuel.

“Dans le cas de l’agriculture de précision par exemple, l’implantation de capteurs dans les champs et des images satellites permettent la modélisation des données agricoles grâce à un meilleur recueil des informations météorologiques qui sont beaucoup plus précises.” Précise Diane Confurius.

Finalement, c’est le croisement des différents jeux de données agricoles qui permettra de créer de la valeur ajoutée pour les agriculteurs.

Une autre application est l’utilisation des techniques de matching pour rapprocher demandeurs d’emploi et employeurs.

La Banque Mondiale estime qu’avec 200 millions d’habitants âgés entre 15 et 24 ans, l’Afrique compte le plus grand nombre de jeunes au monde. Et selon la Banque Africaine de Développement (BAD), le chômage des jeunes est au moins deux fois supérieur à celui des adultes. Ceci réduit la croissance économique. Et, comme l’avait averti Alexander Chikwanda, ancien ministre zambien des Finances : « Le chômage des jeunes est une bombe à retardement».

“C’est en voulant réduire ce décalage que Confurius Big Data peut y contribuer.” En effet, en croisant différents jeux de données issus de la digitalisation de déclaration de revenus, enquêtes auprès des demandeurs d’emploi, démarches administratives au niveau des mairies ou des fichiers d’immigration, l’entreprise de Diane cerne mieux la population inactive et leurs revenus. “En collaboration avec l’Université de Amsterdam, Erasmus Université de Rotterdam et l’Institut National Néerlandais d’Etudes Sociales (SCP), les analyses de ces fichiers nous ont permis par exemple d’établir des statistiques plus fiables sur l’emploi de la population immigrée subsaharienne vivant aux Pays-Bas. Des résultats de l’une de ces études ont été publiés dans le journal international JEMS.”

Dans le secteur de l’emploi, les possiblités d’intégrer les Big Data sont nombreuses à en juger les propos de Diane Confurius. “Une autre application est l’utilisation des techniques de matching pour rapprocher demandeurs d’emploi et employeurs.” La démarche est assez simple. Lorsque les formations, expériences professionnelles et profils des demandeurs d’emploi sont enregistrés, des algorithmes de matching vont coupler le chercheur d’emploi automatiquement aux offres d’emploi correspondantes.

Contrairement aux méthodes traditionnellement de recherche d’emploi qui constituent à aller se présenter chez un conseiller en emploi, les applications en intelligence artificielle sont des outils supplémentaires qui rapprochent demandeurs et offreurs d’emploi.

Big Data et Data Science… Diane vous forme !

La valorisation des données existe depuis des décennies (environ depuis les années 70). Mais, le grand changement de nos jours est la source des données. En effet, suite au développement des réseaux sociaux, clouds, applications numériques, capteurs… le flux de données s’est décuplé. La vitesse et le grand volume de ces données a conduit à nouvelles méthodes et moyens de traitement de ce grand flux de données.

Pour arriver à faire intégrer la pertinence de ses services à ses clients, l’aspect pédagogique est un facteur clé. Confurius Big Data offre ainsi des formations sur les potentialités de la Data Science. “Je donne par exemple des conférences afin d’informer les intéressés sur les possibilités de la Data Science et Big Data. Dans la même ligne, cet interview est un moyen d’attirer la curiosité d’entrepreneurs  dans ce domaine.”

Aussi, elle assure que ses offres s’adaptent à tous les types d’entreprises. “J’opte toujours en premier pour l’approche la plus simple ce qui réduit le coût de l’étude. En ce moment, j’élabore un start-pakket de 40 heures à coûts réduits pour des petites entreprises.” Cette proposition sera disponible prochainement sur le site de son entreprise.

Un mot à l’endroit de nos lecteurs pour clôturer cet article. « La dépendance financière est un venin qui tue les startups. Mon conseil est de commencer petit pour être grand. Ceci permet de limiter la dépendance financière vis-à-vis de potentiels donateurs. Par exemple au démarrage d’une entreprise, je recommande une seconde activité fiable génératrice d’un revenu complémentaire. Au moins, en cas d’échec on ne se retrouve pas dans la rue.”

https://www.visezlalune.net/2019/06/01/diane-confurius-la-gabonaise-qui-reigne-sur-les-big-data-aux-pays-bas/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *